En France, le droit de vote est traditionnellement lié à la nationalité française.
Cette conception repose sur l'idée que le vote est un privilège réservé aux citoyens français, en tant que corollaire direct de leur citoyenneté.
Ainsi, seuls les ressortissants français bénéficient pleinement des droits politiques liés au vote, qu'il s'agisse d'élire leurs représentants au Parlement ou au sein des collectivités territoriales.
Cependant, l'apparition de la citoyenneté européenne, introduite par le Traité de Maastricht en 1992, a ouvert des perspectives nouvelles en permettant aux citoyens des États membres de l'Union européenne de participer aux élections locales et européennes en France.
Cette évolution a ainsi modifié la vision traditionnelle du droit de vote, permettant aux citoyens européens résidant en France de voter aux élections municipales et aux élections européennes.
La France a transposé cette évolution dans sa législation nationale à partir des élections municipales de 2001, offrant aux citoyens européens résidant en France la possibilité de voter et même de se présenter aux élections municipales, sous certaines réserves concernant les fonctions de maire ou d'adjoint.
Cette distinction entre citoyenneté européenne et nationalité française reflète une ouverture progressive vers une participation politique plus inclusive.
Dans cet article, nous examinons le cadre juridique du droit de vote des étrangers en France, en abordant les enjeux liés à la nationalité et à la citoyenneté européenne, ainsi que les débats et propositions pour l'élargissement du droit de vote aux étrangers non européens
.
Un droit de vote conditionné à la nationalité
Historiquement, le droit de vote a été conçu comme un corollaire de la citoyenneté référée à la nationalité. En d'autres termes, le droit de voter est directement lié au statut de citoyen français.
Cela signifie que seuls les citoyens français peuvent voter aux élections nationales et locales, conformément aux principes énoncés dans la Constitution française et les codes électoraux.
Ainsi, les étrangers résidant en France, quelle que soit la durée de leur résidence, ne bénéficient pas de ce droit. Le Code électoral (articles L.2 et L.9 notamment) limite explicitement le droit de vote aux citoyens français pour les élections législatives, présidentielles et référendaires.
De même, l'article L.16 du même code établit que seuls les citoyens français peuvent voter aux élections locales.
Cependant, les Français établis à l'étranger bénéficient de certaines exceptions leur permettant de participer au processus électoral.
Selon l’article L.330-3 du Code électoral, ils disposent de représentants au Sénat et, depuis 2008, à l'Assemblée nationale via les Députés des Français de l'étranger.
Ils peuvent également voter à distance lors des élections nationales (présidentielle, législatives, référendums) et pour l'élection des conseillers consulaires.
Cette approche exclusive du droit de vote liée à la nationalité française a été contestée à plusieurs reprises, en particulier dans le contexte du droit de vote aux étrangers non européens résidant en France.
Les arguments avancés par les défenseurs de cette réforme comprennent :
- La contribution fiscale : Les étrangers paient des impôts en France, ce qui leur donne un intérêt direct dans les décisions politiques locales.
- L'accès aux services publics : Ils sont des usagers du service public et participent ainsi à la vie sociale et économique du pays.
- La participation civique : Leur participation au vote local renforcerait leur engagement citoyen et contribuerait à l'intégration sociale.
Malgré ces revendications et le soutien de certains hommes politiques (François Hollande en 2012, François Mitterrand en 1981, Nicolas Sarkozy dans les années 2000), aucune réforme significative n'a été adoptée pour accorder aux étrangers non européens le droit de vote.
Les Français établis à l'étranger
Selon l’article L.330-3 du Code électoral, les Français résidant à l'étranger disposent de représentants au Sénat et, depuis 2008, à l'Assemblée nationale.
Au Sénat, ils sont représentés par douze sénateurs élus par le collège des conseillers consulaires et d'autres grands électeurs issus de la communauté française expatriée.
À l'Assemblée nationale, onze députés des Français de l'étranger représentent les expatriés répartis dans onze circonscriptions électorales mondiales.
De plus, les Français établis à l'étranger peuvent participer à certaines élections nationales via les consulats.
Les postes consulaires organisent notamment des scrutins présidentiels, législatifs et référendaires pour les électeurs inscrits sur les listes électorales consulaires.
La contestation de l'équivalence entre droit de vote et nationalité
L'équivalence entre nationalité et droit de vote est régulièrement remise en question. Plusieurs arguments sont avancés par ceux qui plaident pour l'élargissement du droit de vote aux étrangers résidant en France :
- Impôts et services publics : Les étrangers paient des impôts et sont usagers du service public.
- Participation à la vie citoyenne : Ils participent de facto à la vie de la cité.
François Hollande s'est prononcé en faveur du droit de vote aux élections locales pour tous les étrangers lors de la campagne présidentielle de 2012, suivant les traces de François Mitterrand en 1981.
Nicolas Sarkozy avait également exprimé un avis favorable au début des années 2000.
Malgré ces prises de position, aucune réforme significative n'a abouti pour accorder aux étrangers non européens le droit de vote.
L'exception européenne
Depuis le Traité de Maastricht de 1992, les citoyens de l'Union européenne résidant en France ont le droit de voter aux élections locales et européennes. Ce droit a été appliqué en France lors des élections municipales de 2001.
Limites du droit de vote pour les citoyens européens
Toutefois, les citoyens européens ne peuvent pas être élus maires ou adjoints en raison de la souveraineté nationale.
Ces fonctions permettraient aux étrangers d'élire les sénateurs, une instance représentant le peuple français.
La distinction entre étrangers européens et non-européens
Le droit français fait progressivement la distinction entre :
- Citoyens européens : Considérés comme citoyens de l'Union et non comme étrangers.
- Étrangers non européens : Restent soumis aux règles restrictives du droit de vote.
L'article L.2122-4 du Code général des collectivités territoriales précise que seuls les citoyens français et européens peuvent voter aux élections locales.
FAQ - Le droit de vote des étrangers en France
Les étrangers non européens ont-ils le droit de vote en France ?
Non, les étrangers non européens ne peuvent pas voter en France. Selon le Code électoral, le droit de vote est réservé aux citoyens français. Malgré les propositions politiques visant à élargir ce droit aux étrangers non européens résidant en France, aucune réforme n'a été mise en place en ce sens.
Les citoyens européens résidant en France peuvent-ils voter aux élections locales ?
Oui, les citoyens de l'Union européenne résidant en France ont le droit de voter aux élections locales et européennes. Ce droit a été accordé suite au Traité de Maastricht en 1992 et a été appliqué en France à partir des élections municipales de 2001.
Les citoyens européens peuvent-ils être élus maires ou adjoints en France ?
Non, les citoyens européens ne peuvent pas être élus maires ou adjoints. Cette restriction existe pour préserver la souveraineté nationale, car ces fonctions permettraient aux étrangers de participer à l'élection des sénateurs. Cependant, ils peuvent être élus conseillers municipaux.
Les Français établis à l'étranger ont-ils le droit de vote ?
Oui, les Français résidant à l'étranger disposent de représentants au Sénat et, depuis 2008, à l'Assemblée nationale via les Députés des Français de l'étranger (article L.330-3 du Code électoral). Ils peuvent également voter aux élections présidentielles, législatives et référendaires via les consulats ou le vote par procuration.